Sur le point d'être élu sénateur américain, l'ambitieux Fielding Pierce ne cesse de croiser, dans les rues surpeuplées ou sur un terre-plein enneigé, le fantôme de Sarah Williams, sa petite amie tuée dix ans plus tôt. Hallucinations, surmenage ? Le film brouille les pistes entre paranormal et réalité, même tordue. Mais, très vite, la question de la folie s'efface au profit d'une autre, bien plus excitante : l'éventuelle perte des idéaux. En entrant dans le système, Fielding ne trahit-il pas Sarah, militante gauchiste et pacifiste, assassinée en 1974 en compagnie d'opposants chiliens ? Lui était programmé pour réussir, elle pour résister. Manichéen ? Parfois, mais pas seulement. Dans un mouvement embrouillé, fait d'incessants retours en arrière (du temps où Sarah était en vie), le film laisse échapper quelques cruciales réflexions. Par exemple : la posture «de gauche» (ici exprimée par deux réfugiés chiliens issus de la haute bourgeoisie) a-t-elle forcément plus de valeur (humaine, morale, etc.) que l'ambition politique, démocrate et pourtant ressentie comme étant «de droite», d'un jeune homme issu des classes moyennes ? La réponse, bien sûr, est «non». Autrement dit : les plus puants ne sont pas forcément ceux qu'on pense. C'est pour ce genre de question, posable dans n'importe quelle entreprise française post-soixante-huitarde, que le Fantôme... revient nous hanter. Ce film lent, souvent mal fichu, avançant au rythme de la décrépitude physique et morale de Fielding (interpr
Critique
Le spectre des idéaux.
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publié le 26 juin 2003 à 23h33
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