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Libération
Critique

Un Cousteau mal affûté

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publié le 30 juin 2003 à 23h36

Après le Monde du silence au cinéma, une centaine de documentaires pour la télé, place au dessin animé. Cinq ans après leur disparition, le commandant Jacques-Yves Cousteau (JYC pour les intimes) et son bonnet rouge sont de retour pour vingt-six épisodes d'une série destinée à la jeunesse qui entend mêler «le sérieux de la science et le frisson de l'aventure». Pour le sérieux, on passe d'un réquisitoire contre les navires-poubelles à la sauvegarde d'espèces menacées comme la licorne de mer. Pour l'aventure, on ne lésine pas sur les rebondissements dramatiques, les scènes spectaculaires avec un Cousteau visiblement dopé à la créatine, sans oublier les détails high-tech : les séquences subaquatiques font parfois davantage penser à Alien 2 qu'à Vingt Mille Lieues sous les mers. Le tout, supervisé par la fondation Cousteau, très sourcilleuse sur l'héritage moral (et financier) de feu le commandant, est habillé par la philosophie boy-scout de celui qu'un secrétaire général de l'ONU qualifia un jour de «Captain Planet». Le gentil JYC est entouré de cinq ados symbolisant les cinq continents, qui reçoivent tels les apôtres ses sermons sur la protection de l'environnement. Surprise, cet écologisme vaguement gnangnan se teinte parfois d'une vision décoiffante du libéralisme. Dans le premier épisode, un armateur véreux, contraint de récupérer à grands frais une cargaison polluante, sera finalement considéré comme un sauveur de l'humanité : ayant financé le renflouement de l'épave par C