La scène s'est déroulée lundi, devant la salle d'audience n° 1 du tribunal de commerce de Bobigny. L'oreille collée à son téléphone portable, Paul Hagnauer, PDG de Khalifa TV, implore : «J'ai réussi à obtenir 48 heures de délai, mais, écoute-moi bien, mercredi à 14 heures, il faut que les fonds soient là, Moumène, il faut qu'ils soient là physiquement.» Une fois de plus, depuis son exil londonien, l'homme d'affaires algérien Rafik Khalifa «Moumène» pour les intimes a promis. En vain, une fois de plus. Hier, le président du tribunal, estimant que les engagements financiers «n'ont pas été tenus», a prononcé la liquidation judiciaire de Khalifa TV, la chaîne à destination des Algériens de France et d'Europe diffusée par satellite.
Cette décision était attendue par tous depuis que Khalifa Bank, l'épine dorsale de l'empire Khalifa, a été mise sous contrôle par l'Etat algérien pour mauvaise gestion. Mais c'est avec «amertume» que l'accueille Me Marie-Christine Béguin, avocate des 180 employés licenciés : «Avec la procédure qui s'engage maintenant, les salariés de Khalifa TV qui n'ont pas été payés depuis avril dernier n'ont aucune chance de toucher quoi que ce soit avant septembre».
La liquidation judiciaire n'exonère pas, au contraire, Rafik Khalifa de verser les chèques promis de longue date. Depuis le 10 avril, date à laquelle Khalifa TV a été placée en redressement judiciaire, l'homme d'affaires algérien s'est engagé à verser chaque mois 560 000 euros pour assurer le fonctio