«Aucun échec ordinaire comme une maladie, un échec financier ou professionnel, ne résonne aussi cruellement dans l'inconscient qu'un divorce. Le divorce touche directement à l'origine de l'angoisse et il la ravive. C'est la plus profonde des blessures que la vie peut nous infliger.» Citée en ouverture du film, cette phrase de Botho Strauss est un avertissement, un appel adressé aux angoisses que le spectateur éprouve devant l'intimité avec autrui.
Ecrit par Ingmar Bergman pour son actrice fétiche et ancienne femme, Liv Ullmann, le scénario d'Infidèle s'ouvre par la mise en abyme de la relation artistique que la belle Suédoise devait entretenir avec son Pygmalion. Un vieillard à la mine triste prénommé Bergman (Erland Josephson) est seul dans son bureau. Une voix douce, une voix de femme, lui demande : «Ne devait-on pas jouer à s'imaginer des choses ?»
Le metteur en scène accepte et se met à décrire son interlocutrice, qui prend peu à peu forme dans son imagination et dans la pièce qui se monte sous nos yeux. L'homme, dès lors installé dans le rôle du psychanalyste, écoute avec une attention douloureuse le récit de Marianne (Lena Endre), cette actrice, cette traîtresse dont l'existence a dérapé tout entière après son divorce. Sur une folie, elle a trompé son mari, Marcus, chef d'orchestre réputé, avec leur meilleur ami et metteur en scène, David.
De sa lente descente aux enfers de la vie adultérine, elle se souvient de tous les outrages que la vengeance de son mari et la jalousi