Un acteur suffit-il à faire un film ? Il n'y a qu'à regarder derrière son épaule, dans le passé du grand cinéma d'usine, pour s'en convaincre. Il n'y aurait pas d'Atalante sans la présence purement charnelle, purement poétique, du grand Michel Simon. Zéro de conduite n'étant qu'un sous-Disparus de Saint-Agil (ou un vague pré-400 Coups), on peut dire que Jean Vigo n'existerait pas sans Michel Simon. Vigo n'existerait pas sans le génie absolu du plus grand acteur français de l'histoire du cinéma, qui apparaît de plus en plus comme le véritable auteur de la Poison, de la Chienne, de la Vie d'un honnête homme, de Boudu sauvé des eaux. Sans Robert Mitchum, il n'y aurait pas de Nuit du chasseur. Sans Gene Tierney, pas de Laura. Les meilleurs Truffaut, les meilleurs Godard seraient mort-nés sans le prince des acteurs modernes, Jean-Pierre Léaud. Sans Pierre Doris, la Maison des bois serait juste un feuilleton sentimental. Sans Montgomery Clift et Lee Remick, Kazan n'aurait pas signé son seul chef-d'oeuvre, le Fleuve sauvage. Sans Gary Cooper et l'Homme de la rue, Capra n'aurait pas réussi in extremis à humaniser sa série de comédies utopiques, pourtant portées à bout de bras par le merveilleux James Stewart. Sans James Mason et Peter Sellers, Kubrick n'aurait pas signé ses deux plus beaux films, Lolita et Folamour.
Avec Roberto Succo, un nouveau James Dean naît au cinéma. Il donne son épaisseur inquiète à un film-prototype, qui n'existerait pas sans lui. Dans sa présence terrifiée,