Ne pas se fier aux apparences : Minette Walters, 53 ans, petite brune installée dans le doux Dorset et intronisée dès ses débuts en 1992 parmi les «reines du polar» anglais, est une brute. Une plume redoutable, volontiers dérangeante, traduite en vingt-six langues (1), qui renouvelle la veine «suspense psychologique» avec d'habiles sacs de noeuds bourrés de vipères et de tabous qui interrogent les fonctionnements individuels et collectifs. Ainsi Cuisine sanglante, son deuxième opus, qui lui a valu le fameux Edgar-Poe Award en 1994 et dont voici l'adaptation télé produite par la BBC.
Olive Martin, dans les 120 kilos, vient d'écoper de la perpétuité pour avoir découpé en morceaux sa mère et sa soeur ; une romancière accepte d'écrire un livre à partir de ce personnage monstrueux : surnommée «la sculptrice» en raison de l'habileté avec laquelle elle a accompli sa boucherie, Olive n'a jamais exprimé de remords et affiche la morgue des diaboliques. Pourtant ses larmes et quelques confidences font douter l'écrivaine : et si Olive avait endossé les meurtres pour protéger quelqu'un ? C'est une menteuse, préviennent les proches du dossier, mais l'écrivaine dont la vie a perdu sens depuis la mort de sa propre fille, s'accroche à la thèse de l'erreur judiciaire comme à une bouée de sauvetage...
Dans le rôle d'Olive Martin, Pauline Quirke est sidérante, montagne de chair aussi convaincante en victime de la cruauté humaine qu'en nymphomane lubrique qui se frotte au prêtre de la prison. Quan