Londres de notre correspondant
«Je suis libre !» Le fermier Tony Martin, photographié au milieu d'un champ de blé, clame sa joie à la une du Daily Mirror. Le tabloïd avait affrété une limousine pour accueillir à sa sortie de prison celui qui fut l'un des détenus les plus célèbres d'Angleterre et aurait aussi déboursé 125 000 livres (175 000 euros) en échange de ses confidences. Une «exclusivité mondiale» (dixit le Mirror) chèrement payée qui a fait bondir la Press Complaints Commission, le régulateur de la presse britannique. Son code interdit en effet à ses membres de verser de l'argent à un criminel et, a fortiori, au meurtrier d'un adolescent.
Prison à vie. Jusqu'en 1999, Tony Martin menait avec son chien rottweiler une vie semi-recluse dans sa ferme du Norfolk transformée en camp retranché. Après son cinquième cambriolage, il a ouvert le feu sur deux gitans entrés chez lui par effraction une nuit d'été. Fred Barras, 16 ans, a été tué sur le coup, et son complice, Brendon Fearon, a été blessé. La police a retrouvé chez Martin un véritable arsenal : un fusil à pompe, une carabine à canon scié et une relique de la Première Guerre mondiale. Elle lui avait pourtant retiré quelques mois plus tôt son permis d'armes après des tirs de chevrotine sur des intrus.
Il a plaidé en vain la peur, la légitime défense, le risque de crise cardiaque. Reconnu coupable de meurtre, il a été condamné à la prison à vie. En appel, les juges ont réduit sa peine à cinq ans de détention en raison de se