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Libération
Critique

Les plaisirs de la chair

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Télé. «Eating Raoul», film inédit et mordant de Paul Bartel.
publié le 13 août 2003 à 0h36
(mis à jour le 13 août 2003 à 0h36)

De tous les héritiers de Roger Corman, Paul Bartel est sans doute le moins célèbre. Joe Dante, Francis Ford Coppola ou Jonathan Demme ont eu plus de réussite et fait des carrières autrement plus remarquées. Impossible pourtant d'oublier la Course à la mort en l'an 2000, le premier film réalisé par Bartel en 1975 pour le compte de Corman, le producteur le plus malin (et le plus radin) d'Hollywood. La très délirante histoire d'un rallye automobile amoral où les concurrents marquent des points en écrasant le plus de piétons possible. Evidemment, les enfants, les handicapés et les personnes âgées ont plus de «valeur» que des mâles en bonne santé. L'homme a le sens de l'humour, mais très noir. Méconnu en France, où il reste inédit malgré un statut de film culte aux Etats-Unis, Eating Raoul en est une hilarante démonstration. Désireux de s'acheter leur propre restaurant gastronomique, les Bland, un couple bien sous tous rapports ­ incarné par Bartel lui-même et Mary Woronov, une fidèle de la Factory d'Andy Warhol ­, recrutent des échangistes par petites annonces et les assassinent à coup de poêle à frire pour les détrousser. Une farce acide et sexy ­ l'équivalent «underground» des Auberge rouge tournées en 1923 par Jean Epstein et en 1951 par Claude Autant-Lara ­, doublée d'une charge contre la petite bourgeoisie réactionnaire de l'époque (le film date de 1982, soit au tout début du sida). Les Bland considèrent que les échangistes méritent la mort pour leurs moeurs sexuelles frivo