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Libération

La chaise.

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publié le 27 août 2003 à 0h43

Nous sommes en banlieue parisienne, le 15 août dernier. Il fait beau. Tellement soleil que le ciel est presque blanc. Les pompiers ont déployé la grande échelle contre la façade crépie d'un immeuble. Il y a des plantes vertes sur les rebords, des stores de tissus rayés, des ombres qui s'inquiètent à leur propre fenêtre. Nous voyons un sapeur casqué gravir les barreaux. Arrivé au septième étage, il brise une vitre avec sa hachette et dégage le verre resté dans la traverse pour passer le bras. Dans cet appartement, depuis plusieurs jours, une vieille dame est morte (1).

Le papier peint parle d'automne. Un motif de feuilles passées, jaunes et brunes, assemblées en grappes sur un fond ocre. Il y a longtemps qu'il a été posé. Sur toute sa longueur, chaque raccord de laize fanée marque un peu le relief. Deux appliques à lumière ont été fixées en hauteur, toutes simples, deux cylindres de verre dépoli et leur culot d'acier. Sur le buffet bas, une petite radio grise et un cruchon coloré placé sur un napperon de dentelle. Dans un pot minuscule, une petite plante grasse. Il y a deux tables dans la pièce. La première est recouverte d'une toile cirée jaune aux motifs de fruits. Une suite de poires, d'oranges et aussi de cerises en pendants d'oreilles. Un journal de télévision est ouvert aux programmes. Posé sur la pliure, une paire de lunettes aux branches refermées. Il y a aussi un stylo-bille, son capuchon noir bien en place. Couverte d'un torchon rouge et blanc, l'autre table est minu