La mémoire nationale est une vieille fille courageuse qui subit les assauts de la vérité avec une dignité, certes forcée, mais remarquable. Au début de l'année, c'était le procès du général Aussaresses qui rappelait dans un livre la vérité de la torture en Algérie, condamné pour «complicité d'apologie de crimes de guerre». Il a fallu se replonger dans ces années 60 peu ragoûtantes. La mémoire nationale, en vieille fille courageuse, fit son boulot. Puis, passa à autre chose. Et voici soixante minutes de documentaire qui risquent de rouvrir des blessures mal cicatrisées. C'est tout simplement remarquable, exemplaire dans l'enquête, cela s'appelle sobrement Escadrons de la mort : l'école française et cela radiographie les implications de certains militaires français (revoilà Aussaresses), de certains anciens militants de l'OAS condamnés puis étrangement libérés, dans la formation et l'action des militaires des juntes sud-américaines luttant contre leurs opposants.
Tout commence lors de la Bataille d'Alger, fondatrice puisqu'un officier, le colonel Trinquier s'en inspire et pond la Guerre moderne où il jette les bases théoriques de la guerre révolutionnaire, dite subversive. Tout y est, le quadrillage, le renseignement, la torture, plus qu'assumée, jusqu'aux disparitions des corps, véritable problème que rencontrèrent les militaires en Algérie. Née d'une pratique, cette théorie va, dès 1959, s'exporter. Direction l'Amérique du Sud, via l'Ecole de guerre à Paris, véritable courroi