Dans toute histoire, il y a un bourreau et une victime. Il s'agit juste de savoir qui est qui, c'est-à-dire ne pas se tromper. Ce film raconte l'histoire d'un homme qui n'est pas celui qu'on croit. Ne pas croire pour autant qu'il faille l'aimer. Malgré la noirceur et le pessimisme grandissant du cinéma de Duvivier (à son retour d'Hollywood, en 1946, la misanthropie de l'auteur de Poil de carotte ne s'est pas arrangée), et en dépit du «regard froid mais fraternel et secrètement tendre de Simenon» (selon la formule de Lourcelles), on ne peut pas dire que M. Hire, le personnage joué par Michel Simon, soit particulièrement aimable. Qu'il serve de bouc émissaire à une populace mesquine, n'empêche pas M. Hire d'avoir une sale gueule. On peut à la fois (c'est le cas de Duvivier) dénoncer l'injustice qui est faite au pauvre Hire, et n'être pas spécialement attiré par lui.
La misanthropie de Duvivier n'épargne personne, ni bourreaux, ni victime, au contraire du pitoyable remake de Patrice Leconte, réduit à braquer ses projecteurs sur le seul Michel Blanc (qui se parodie depuis en double blafard de lui-même). L'intérêt de Panique commence et finit précisément là où commence et finit le génie très particulier de Michel Simon, dont la composition de faux assassin est à la fois caricaturale et d'une humanité, d'une sobriété, d'une intériorité qui contredisent à tout moment ses airs de Landru. A force de noirceur et de haine (de haine de lui-même, surtout), Julien Duvivier commence pour de