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Libération
Critique

La Matiouette

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Ciné cinéma auteur 19 h 30
publié le 17 septembre 2003 à 1h01

­ Tu te souviens du jeune Téchiné ? Il sortait d'un stage d'écriture aux Cahiers du cinéma. Il ressemblait à George Raft.

­ J'ai peur que ça ne fasse pas les meilleurs cinéastes.

­ Tu exagères. Il faisait des très beaux films postbrechtiens.

­ Des navets maniéristes, oui.

­ Pas d'accord. Souvenirs d'en France, c'est le surgissement poétique du social. On n'a jamais fait mieux dans le genre rapt d'amour sur fond de luttes de classes.

­ Je préfère ses années sombres, Hôtel des Amériques. Dewaere/Deneuve, c'est le plus beau couple du cinéma français d'après-guerre.

­ N'oublie pas Etienne Chicot. On ne le voit pas assez.

­ Tu te souviens de la Matiouette, le film qu'il a fait juste après Hôtel des Amériques ?

­ C'est une chronique naturaliste impersonnelle, pas un vrai Téchiné.

­ Je te vois venir. Tu veux dire que c'est un film du syndicat des coiffeurs de l'arrière-pays niçois, c'est ça ?

­ Si tu veux. Mais c'est surtout un film de Jacques Nolot.

­ Pas d'accord. Quand Nolot filme lui-même ses autofictions, ses histoires d'amour dans les cinémas pornos, ce n'est pas du tout pareil.

­ C'est quoi, la différence ?

­ Nolot est un petit Fassbinder, c'est ça la différence.

­ Un tout petit Fassbinder.

­ Mieux vaut un tout petit Fassbinder qu'un grand inverti aux manières excessives.

­ Et Minnelli, alors ? Ce n'est pas un inverti excessif lui aussi ?

­ C'est toute la différence entre un inverti aux manières excessives et un cinéaste excessif tout court. Minnelli, c'est l'excès, pas le sucré-salé.

­ Le ci