Tu te souviens du jeune Téchiné ? Il sortait d'un stage d'écriture aux Cahiers du cinéma. Il ressemblait à George Raft.
J'ai peur que ça ne fasse pas les meilleurs cinéastes.
Tu exagères. Il faisait des très beaux films postbrechtiens.
Des navets maniéristes, oui.
Pas d'accord. Souvenirs d'en France, c'est le surgissement poétique du social. On n'a jamais fait mieux dans le genre rapt d'amour sur fond de luttes de classes.
Je préfère ses années sombres, Hôtel des Amériques. Dewaere/Deneuve, c'est le plus beau couple du cinéma français d'après-guerre.
N'oublie pas Etienne Chicot. On ne le voit pas assez.
Tu te souviens de la Matiouette, le film qu'il a fait juste après Hôtel des Amériques ?
C'est une chronique naturaliste impersonnelle, pas un vrai Téchiné.
Je te vois venir. Tu veux dire que c'est un film du syndicat des coiffeurs de l'arrière-pays niçois, c'est ça ?
Si tu veux. Mais c'est surtout un film de Jacques Nolot.
Pas d'accord. Quand Nolot filme lui-même ses autofictions, ses histoires d'amour dans les cinémas pornos, ce n'est pas du tout pareil.
C'est quoi, la différence ?
Nolot est un petit Fassbinder, c'est ça la différence.
Un tout petit Fassbinder.
Mieux vaut un tout petit Fassbinder qu'un grand inverti aux manières excessives.
Et Minnelli, alors ? Ce n'est pas un inverti excessif lui aussi ?
C'est toute la différence entre un inverti aux manières excessives et un cinéaste excessif tout court. Minnelli, c'est l'excès, pas le sucré-salé.
Le ci