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Libération

Pauvre

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publié le 17 septembre 2003 à 1h01

Sarah a 16 ans. Elle nous dit que son père est chef d'entreprise et sa mère «agent de service». Lorsqu'elle parle, c'est sous les huées du public. Elle fait des grands gestes d'enfant emballée, se recoiffe sans cesse et rit au tollé. On dirait une gamine en bout de table familiale, qui parle trop vite, trop fort, fiévreuse de tant de certitudes. «Un bon parti est-il nécessaire au bonheur ?» C'est le thème de l'émission. Face aux femmes qui viennent ici défendre l'amour, la petite nous dit que seul compte l'argent (1).

«Vous avez dit quelque chose», attaque Sarah. Elle s'adresse à une autre invitée, mère de famille mariée à un peintre en bâtiment. «J'étais dans les coulisses et j'ai cru que j'allais exploser. Vous avez dit "l'argent, ça contribue pas beaucoup" ? C'est ça ? Vous dites ça ?» «On peut être riche en amour...», commence la femme. «Non mais attendez ! Vous avez dit "l'argent ne contribue pas beaucoup" ?», coupe la jeune fille. «C'est énorme ce que vous dites ! Surtout dans le monde d'aujourd'hui, l'argent, c'est énorme ! C'est ce qu'il y a de plus important ! Pour moi, l'argent fait le bonheur !» Huées du public. «Mais si vous tombez amoureuse d'un homme qui n'a pas une bonne situation ?», interroge Evelyne Thomas, la présentatrice. La gamine fait de grands gestes des bras en secouant la tête. «Eh bien non ! Je veux pas ! Je veux pas ! Non ! Non ! Non !» Le public siffle. «Si vous êtes heureuse, vous ferez votre vie avec qui vous voulez», affirme une femme. Sarah la