Menu
Libération
Critique

Secrets et mensonges

Article réservé aux abonnés
publié le 17 septembre 2003 à 1h01

Depuis lundi, la chaîne câblée Planète plante sa caméra au coeur d'un pays malade de ses mensonges. Après la rediffusion hier soir d'un célèbre reportage sur le monde du travail (Roger et moi, de Michael Moore), Planète décortique aujourd'hui les trucages de l'appareil politique, avant de clore son programme, demain, par une plongée glaçante dans le système pénal et carcéral américain.

«USA 2000». Ce documentaire n'a jamais été vu des téléspectateurs d'ici, et encore moins des Etats-Unis. Pourquoi ? Parce qu'on y voit comment une fraude électorale d'une ampleur sans précédent a mené George W. Bush au pouvoir. C'est dans l'Etat de Floride, gouverné par Jeb Bush (le frère de George W.), que s'est jouée l'élection de 2000. Mais la manipulation avait déjà commencé, dès 1998, et l'accession de Jeb au poste de gouverneur. Comment ? En éliminant des listes électorales les Noirs, les pauvres et les ex-prisonniers (tous votant traditionnellement démocrate à 90 %). La méthode était grossière. Mais elle marcha : Bush ressortit du placard une vieille loi proclamant que les ex-voyous n'ont pas le droit de vote, et demanda (à la boîte privée chargée de dresser la liste de ces exclus) de «jeter un filet le plus large possible» ­ c'est le patron de la boîte qui le dit. A savoir : tant pis si le sexe, la race, le premier ou deuxième prénom ne correspondent pas à ceux de vrais délinquants, pourvu qu'un maximum de ces «gens-là» soient écartés. Selon des experts d'organismes indépendants, ce son