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Libération
Critique

L'Homme au bras d'or.

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Ciné cinéma classic, 18 h 25.
publié le 18 septembre 2003 à 1h02

­ Tu te souviens de Sinatra ?

­ L'acteur ou le chanteur ?

­ Tu fais la différence, toi ?

­ Ben oui.

­ Quand il chante One More for the Road, surtout dans la version pirate, celle où il est juste accompagné par son pianiste, Bill Miller, c'est la même technique que dans Comme un torrent.

­ Tu dis ça parce que les saloons songs de Sinatra et les bars à whisky de Minnelli jouent le même rôle.

­ Non. Je ne confonds pas le hardest working man in show business (Sinatra, pas James Brown) et le hardly working man (Dean Martin). Dean Martin, c'est le crooner absolu, le minimalisme de velours. Ce n'est déjà pas mal, d'ailleurs.

­ Dans l'Homme au bras d'or, il chante comment, Sinatra ?

­ Il chante comme un batteur, pas comme un tromboniste, en tout cas.

­ Il ne chante pas, tu te fous de moi.

­ Il faut tout t'expliquer. Dans les années Capitol, les années Where are You, les années Preminger, Sinatra fait des lectures. Il lit les paroles, il les récite, il les vit. C'est pourquoi les Américains parlent de «la bonne lecture» d'une chanson (a good reading), qu'elle soit de Sinatra ou de Sylvia Sims.

­ Sylvia Sims ?

­ C'était la chanteuse favorite d'Art Tatum, et l'une des préférées de Sinatra. Il a même dirigé l'orchestre pour un de ses albums. Il ne l'a fait que trois fois. Pour Peggy Lee, Dean Martin, et Sylvia Sims.

­ On trouve le disque ?

­ En vinyle. Il est assez rare. Ce n'est pas son plus beau (le plus beau, c'est Torch Song), mais tout ce qu'elle a fait était superbe. C'est elle qui a mis un gar