L'obscurité n'est pas encore totale. Au plafond, la lumière morne des néons. Nous sommes dans le couloir, au milieu du sombre, de la poussière et des hommes qui marchent vers le travail. Par-dessus la barrière, deux mains se serrent. Il y a peu de mots sous la voûte mais un murmure en écho, un rire, une résonance froissée qui fait tendre l'oreille. Les casques sont gris. Les parois, le sol, les bleus sont maculés de terne. Nous sommes avec les mineurs du premier poste, au puits de Merlebach. Dehors, il fait soleil. C'est juillet. C'était il y a deux mois. Aujourd'hui, samedi 20 septembre, à l'heure même où ces images sont diffusées, les derniers mineurs remontent de la taille pour la dernière fois. En avril, ceux de la Houve-Creutzwald quitteront les galeries. C'est la fin des Houillères de Lorraine (1).
On les libère. D'abord cette grille à barreaux qui s'efface, puis le collègue qui relève à la main le rideau métallique. Les mineurs sont là, dans les ténèbres de la cage remontée. Une cinquantaine que nous ne voyons pas, épaule contre épaule. Tout à l'heure, nous les avons suivis au fond. Cette poignée de main, la longue galerie, le rideau baissé sur leur pâleur de jour. Et puis la descente. L'allumage des lampes de casque, le halo de chacun dans la clarté de l'autre. «Le mineur ne descend jamais seul. Il va par équipes, par postes, comme la section qui monte au combat, nous dit le commentaire de Tawfic Fares. Il attend qu'on lui donne le passage. Il avance par étapes au sig