S'il avait duré 55 minutes, ce film aurait été plus conforme à ce qu'il est, un film concept, un patchwork cinéphile. Il se passe avec le cinéma ce qui se passe depuis vingt ans avec le rock ou la pop, c'est-à-dire qu'aucun «artiste» nouveau ne peut se présenter sur la scène musicale sans son certificat de baptême ou son arbre généalogique. On dira par exemple des Libertines ou des White Stripes qu'ils revisitent «avec une énergie qu'on croyait perdue» le rock anglais des années 60, ou qu'ils retrouvent «la violence et la pureté des Rolling Stones». On disait d'Eustache ou de Jacquot qu'ils étaient sous influence Bresson, on dira aujourd'hui du jeune Bonello qu'il est sous influence Jacquot, Eustache, Garrel. On n'y trouverait rien à redire si le Pornographe n'était aussi (ce qui fait quand même beaucoup), sous influence Bresson, Godard, et surtout sous influence Enard, le pape de l'underground arty.
Patrice Enard s'amusait à faire défiler dans des champs dont le vert l'intéressait au plus haut point telle ou telle actrice porno, enregistrant avec une furieuse lenteur ses moindres gestes, évitant le moindre trucage, et laissant au seul spectateur ou ce qui en reste le soin de décomposer le mouvement de toutes ces petites images dans sa petite tête de spectateur. En son temps, Enard s'est fait quelques disciples oubliés (Jacques Richard) ou célèbres (Alain Fleischer). Fleischer engagea même Catherine Jourdan pour poser nue dans sa vie, avant de se survivre en tant qu'artis