C'est une pièce sur le désir et son interdiction. De ce seul fait de désirer Hippolyte, Phèdre se sent coupable. Elle osera exprimer ce sentiment fou, et dire au fils de son époux : «J'aime», et ajouter plus loin «Je languis, je brûle...» et mentir en changeant le nom de l'objet de sa flamme, comme se reprenant : «... Je brûle pour Thésée.» Bientôt l'on apprend que le roi qu'on croyait mort revient.
Et peut-être bien qu'Hippolyte, de dégoût, de colère, de stupeur, pourrait tuer sa soudain trop bavarde marâtre conseillée par oenone, une suivante mal inspirée. Revenant au théâtre au printemps dernier avec la pièce entre toutes de Racine, Patrice Chéreau a fait merveille et abasourdi soir après soir dans le même dispositif bifrontal qu'il avait adopté lors de sa mise en scène de la pièce de Koltès, Dans la solitude des champs de coton. Dans les mêmes lumières en poursuites circulaires signées Dominique Bruguière. Devant la muraille d'un palais et dans une proximité faramineuse avec le public, Dominique Blanc chaque soir se consumait jusqu'à l'empoisonnement à l'issue du récit de Théramène livré par Michel Duchaussoy, sidérant de simplicité attristée.
«Capter» le théâtre comme on dirait «capturer» pour en rendre à l'écran la magie relève toujours du tour de passe-passe impossible. Stéphane Metge, comme il l'a déjà fait pour la Solitude..., a résolument choisi de ne pas éliminer les visages et les corps des spectateurs si proches de ce ring en longueur où Hippolyte a les traits