Prendre acte que «cinéma» et «musique», c'est pareil. Les images archaïques des grands stylistes du clip (Billie Jean de Steve Barron, les Kinks ou les Stones de Julien Temple, tous deux passés au «vrai cinéma» avec une médiocrité déconcertante) annonçaient avec une belle modestie prémonitoire l'avènement de la chanson filmée (ou du film en chansons), qui vient heureusement faire contrepoint à l'auteurisme prétentieux de trop de cinéastes américains. Si quelqu'un sait bien que la grande époque du disque et du cinéma (1952-1959) est derrière nous, c'est Garry Marshall. On ne commence pas comme scénariste du Lucille Ball Show et de Happy Days sans apprendre au moins deux ou trois choses.
Avec ses deux plus beaux films, Frankie and Johnny et Pretty Woman, Marshall prouve qu'il connaît la musique. Il sait que Roy Orbison a écrit Oh, Pretty Woman pour sa femme, Claudette, en 1964. Il sait encore mieux, puisqu'il y en a des milliers de versions, que Frankie and Johnny, créé en 1907 par une chanteuse de bordel, une certaine Mammy Lou, est l'une des chansons les plus célèbres du répertoire américain. Gravée sur disque par Charlie Patton (1929), Gene Vincent (1957), Charlie Feathers (1961), Merle Haggard (1963) ou encore Bob Dylan (1992), la chanson est tellement connue qu'il n'est même pas besoin de la mettre dans le film. Elle rythme avec une sensualité d'autant plus sauvage qu'elle n'y figure pas les amours d'Al Pacino et de Michelle Pfeiffer. Aucun cynisme dans ce film grand publi