Téléspectateur gourmand, décortiqueur avisé de la fiction américaine, l'écrivain, médecin et journaliste Martin Winckler, 48 ans, a publié plusieurs livres sur les séries télé (1). Pour Libération, il fait le point sur la création outre-Atlantique, une semaine après la cérémonie des Emmy Awards à Los Angeles.
Votre commentaire sur ces Emmys Awards ?
Curieusement, Six Feet Under n'a pas remporté le prix de la «meilleure série dramatique». Mais The West Wing est une série politique, anti-Bush. Dans la situation actuelle, le feuilleton intimiste et psychologique qu'est Six Feet Under touche peut-être moins les scénaristes et réalisateurs, très militants, de Hollywood. Ils sont démocrates pour la plupart, donc antiracistes, pacifistes, tiers-mondistes.
Ces récompenses vous paraissent-elles refléter l'état de la création aux Etats-Unis ?
Pas complètement. A l'exception de Law & Order et de Sex and the City, les séries produites à New York (Homicide, Oz) sont souvent ignorées. Et puis, tous les producteurs ne courent pas après les Emmy.
Où en est la qualité américaine, dix ans après l'arrivée des premières séries «adultes» («Dream on») ou utilisant une écriture adulte («Angela 15 ans») ?
Elle progresse constamment, parce que les chaînes du câble produisent de plus en plus. Elles doivent rester compétitives face aux grands réseaux hertziens, mais aussi entre elles. Ces chaînes câblées (HBO, Showtime, FX ou Sci Fi) mettent autant d'argent