Les films de Sacha Guitry n'ont souvent besoin que de quelques acteurs et d'à peine plus de décors pour régaler le spectateur. Ici, les personnages dépassent la centaine, le maître tourne même exceptionnellement en extérieurs et, pourtant, on reste sur sa faim. Ou, plus exactement, l'abondance de soieries, de marbres et de dorures finit par couper l'appétit. Si Versailles m'était conté (1954) fait partie de ces fantaisies historiques qui, comme les Perles de la couronne ou Remontons les Champs-Elysées, permettaient à Guitry de jouer au professeur très particulier. Le cours d'histoire a des allures de propagande, tant le cinéaste exalte la grandeur de la France du XVIIe siècle au traité de Versailles, avec mentions spéciales pour ses arts et ses belles-lettres. Guitry, conchié à la Libération pour son attitude ambiguë pendant l'Occupation, avait dû bien ricaner de voir son proto-royaliste Si Versailles m'était conté devenir le film quasi officiel de la IVe République. Le succès de ce très long métrage était notamment lié à sa distribution défiant l'entendement : tout le gratin du cinéma français de l'époque, jusqu'à l'expatriée hollywoodienne Claudette Colbert, avait enfilé perruques et crinolines pour défiler, parfois pour quelques secondes, devant la caméra de Guitry. Paradoxalement, la mise en scène de cette superproduction confine au minimalisme (plans frontaux, travellings rares), sans doute pour souligner la dimension théâtrale de Versailles : le château devient une scè
Critique
Si Versailles m'était conté.
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par Samuel DOUHAIRE
publié le 3 octobre 2003 à 1h14
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