Londres de notre correspondant
St Bride's, dont la flèche aiguisée rivalise de hauteur avec les immeubles de la City, pleure une fois de plus ses journalistes. «Ça n'arrête pas. Nous venons encore de célébrer ces derniers jours deux messes de souvenir. Il y en avait déjà eu deux, il y a une semaine», déclare d'une voix grave Eric Davies, l'un de ses bedeaux enveloppé dans une cape orange, la poitrine lestée de la médaille de la paroisse.
A gauche du choeur, un autel est dédié «à tous ceux qui, dans leur quête de la vérité, sont confrontés au danger, aux persécutions et à la mort». Des ex-voto commémorent les victimes les plus récentes tombées en Irak, à Gaza ou en Tchétchénie. Mais, en cette matinée d'automne, l'église de la presse britannique semble porter son propre deuil. «Fleet Street vient de quitter définitivement Fleet Street», se lamente son vieux serviteur. Pendant des siècles, les journaux du royaume se sont identifiés à cette rue étroite, encombrée et fébrile, du centre de Londres. A la recherche d'espace bon marché, la plupart d'entre eux l'ont quitté à la fin des années 80 pour s'installer plus à l'est, dans les Docklands. Le Times et le Sun sont partis à Wapping, le Telegraph, l'Independent et le Mirror à Canary Wharf, le Financial Times et l'Express à Southwark, sur la rive Sud... Parmi les grands médias britanniques, il restait encore Reuters et son immeuble en pierre grise. Mardi, par un simple communiqué, le groupe d'information et de services financiers a an