Après ses comédies satirico-absurdes des années 60, Solo (1970) est le premier film dramatique de Jean-Pierre Mocky. C'est aussi son premier thriller politique, une veine qu'il poursuivra avec profit dans les années 70 avec notamment l'Albatros et Piège à cons. Mocky y joue toujours à peu près le même rôle : celui d'un héros noir brisé par une société corrompue à tous les niveaux. Les trois films sont imprégnés des bouleversements soixante-huitards, et plus particulièrement Solo, tourné alors que les braises de mai rougeoyaient encore. Mocky incarne un violoniste voleur revenu de tout, mais prêt également à tout pour aider son jeune frère, un étudiant qui se révèle le leader d'un groupe terroriste d'extrême gauche. Après un attentat particulièrement sanglant, il vole à son secours et se retrouve lui-même traqué par la police. Les dialogues, qui pastichent volontiers le style d'Audiard (mais pas ses idées vaguement poujadistes), ne manquent pas d'humour. Mais la tonalité du film est résolument sombre, version romantisme désespéré. Solo porte parfaitement son titre : le personnage de Mocky agit en solitaire, il est surtout très seul. Comme les étudiants révolutionnaires dont il devient presque malgré lui l'ange gardien, il vomit la société pompidolienne et ses notables arrivistes et partouzards. Sauf que lui sait bien que «quand les étudiants auront l'oseille, ils deviendront de bons bourgeois» ; qu'il vaut mieux «exploiter» cette société («si on ne les avait pas, les bourgeoi
Critique
Solo.
Article réservé aux abonnés
par Samuel DOUHAIRE
publié le 6 octobre 2003 à 1h15
Dans la même rubrique