Menu
Libération

Le message.

Article réservé aux abonnés
publié le 9 octobre 2003 à 1h19

C'est un message publicitaire. Il dure huit secondes. Sept sont en noir et blanc, la dernière en couleur. Nous allons voir six femmes, un homme et une enfant. Tous vont nous regarder sans un mot. L'homme s'appelle Arnold Schwarzenegger. Il est encore candidat républicain au poste de gouverneur de Californie. Le message est signé Gray Davis. Il est encore gouverneur démocrate de l'Etat (1).

La première femme est brune. Belle, soucieuse, le visage parfait. Dans ses mâchoires serrées, une force simple. Elle apparaît à droite de l'écran. Ses sourcils sont levés, ses lèvres dessinées. Elle sourit. Elle est grave, posée, sereine. Elle nous regarde droit. Ses yeux sont des reproches. Elle est vivante. Elle ne craint rien. La deuxième est âgée. Une dame, au milieu de l'image. Une grand-mère qui a tout vécu. Chandail blanc sur fond blanc, et cheveux blancs aussi. Il y a des peurs en elle. Et aussi des questions. Sa joie est impossible. Son sourire est méfiant. Ses yeux, d'émotions tristes. Une autre femme, encore. Robe à fleurs grises et grises à cause du noir et blanc. Un tissu tout banal qui dit la faim de vivre. Elle doit être cubaine. Elle ne sourit pas. Elle est sombre, tout emplie de douleurs. Ses paupières tombent. Elle aussi nous demande. Puis une femme et sa fille. Elles se tiennent serrées. La tête de l'enfant blottie contre le menton de sa mère. La main de la mère blottie sous l'aisselle de l'enfant. Son sourire n'est pas dupe. Elle protège. Elle défend. Elle se doit sentin