Après une première incursion remarquée dans le décorticage d'icône (Marilyn Monroe, en juin 2002), le réalisateur Patrick Jeudy et le psychanalyste Gérard Miller continuent leur travail documentaire en s'attaquant à un autre grand mythe du XXe siècle : Jacqueline Bouvier, épouse Kennedy. Comme pour Marilyn, les auteurs veulent porter, sur cette femme analysée jusqu'à l'overdose (de mots et d'images), un regard oblique, pointu, novateur.
Point de départ : de tous les membres du clan Kennedy, ivres de leur propre grandeur, «Jackie a peut-être été la seule à n'avoir jamais été dupe». Pendant cinquante-cinq minutes, les auteurs enchaînent les documents d'archives, des virées en bateau près de Hyannis Port, en septembre 1963, au mariage de John et Jackie, dix ans plus tôt : images tremblées, certaines en couleur, d'autres en noir et blanc, émouvantes. Pas d'interviews, pas de témoins, juste une ligne directrice : Ce que savait Jackie, c'est combien son mari John, malgré ses innombrables frasques amoureuses, malgré son statut de quasi-maître du monde, était un «petit garçon si souvent malade», «un président chétif», terrassé par des douleurs dorsales atroces et une maladie génétique (le syndrome d'Addison) très invalidante. Ce qui l'a séduite chez John, avance Miller, c'est donc sa fragilité, car «il émanait de lui quelque chose que les autres ne voyaient pas, et qui réveillait en elle des instincts protecteurs». Mais Kennedy, qui pensait que la «vie était aussi courte que douloure