Menu
Libération

Le rôle

Article réservé aux abonnés
publié le 14 octobre 2003 à 1h22

Michel Serrault est en colère. Une colère sans cris, sans geste, sans brutalité. Son visage dit simplement l'impatience irritée. Aux côtés de Michel Blanc, l'acteur assure la promotion d'un téléfilm diffusé sur cette même chaîne. Il y incarne Gaston Dominici, accusé en 1952 du meurtre de deux campeurs anglais et de leur fillette. Michel Blanc, lui, donne ses traits à Edmond Sébeille, le commissaire chargé de l'enquête. Michel Serrault croise les mains sur la table. Il parle haché. Il nous dit comment il a adhéré au personnage (1).

«J'ai accepté, mais à condition de jouer non coupable. J'ai dit tout de suite. Je savais suffisamment de choses sur l'affaire pour décider de jouer non coupable.» «Et pourquoi vous avez fixé ce principe ?», demande Claire Chazal. «De non coupable ?» «Oui.» Il fronce les sourcils et ouvre les mains d'évidence. «Eh bien, parce que personne ne peut prouver qu'il est coupable ! A partir du moment où il n'y a aucune preuve contre lui, certaines et sûres, qu'on puisse admettre, eh bien, il est innocent !» Silence. Rien en face. Alors il continue, doigt levé. «On va pas raconter toute l'histoire, mais je peux vous le dire maintenant, après l'avoir jouée. Je suis encore plus décidé à vous dire qu'il est non coupable.» «Souhaitez-vous éventuellement une révision du procès ?» Serrault a un geste d'épaules. «Je serais très heureux, bien sûr, que ça serve à quelque chose.» Il revient au rôle. «Mais, moi, j'ai joué le plus simplement possible. Il fallait aller v