Il s'appelle Atanacio Algas junior. En avril 2001, quittant Calais pour l'Algérie, il était commandant en second du Labici B, un cargo sucrier. Cinq mois plus tard, le bateau est immobilisé à Béjaïa. Un conflit financier, entre affréteur et armateur. Le navire a été saisi par les autorités algériennes et les onze hommes d'équipage consignés à bord. Cinq mois abandonnés. A errer dans les coursives, à attendre sur les couchettes, à prier Dieu, à guetter nuit et jour les mouvements du quai. Des Capverdiens, des Asiatiques, sept nationalités. Hans, le commandant, a monnayé sa fuite avec la police du port. Alors, Junior a pris le contrôle. Bientôt, certains sont autorisés à débarquer. Mais cinq espèrent toujours être payés. Une fois encore, Junior tente de joindre Sam Furt au téléphone. C'est l'un des responsables de l'armement (1).
«Bonjour Heidi. Ici Junior à Béjaïa, en Algérie.» Le commandant est assis à table, il fume. Visage embarrassé. Nous regardons son silence. «Désolé», dit-il. Il dérange. «J'appelle Sam Furt pour savoir ce qu'il attend de moi.» Grésillement lointain. «Il a dit de ne pas quitter le navire, je crois ?» Ses paupières battent nerveusement. «Victor est déjà parti ce matin, avec un autre matelot. Ils ont été libérés et j'essaie de nous faire libérer aussi.» Grésillements. «Sam Furt aurait dit de ne pas abandonner le navire. J'aurais aimé tirer ça au clair avec lui.» Moue déçue. «Mais il sera là demain ?» Regard résigné. «D'accord, rappelez ici. Si vous avez d'