Menu
Libération
Critique

Des cinéastes en leur miroir

Article réservé aux abonnés
publié le 24 octobre 2003 à 1h32

Auteur Auteur, dont voilà déjà le numéro deux, est une émission de télé symptomatique d'une tendance lourde, fruit d'années de bonus DVD, où des cinéastes analyseraient les films d'autres cinéastes, se substituant ainsi aux critiques de cinéma dans le rôle de l'oeil qui voit, qui pense et qui parle. Rappelons qu'un tel concept est également à l'oeuvre, le samedi en début d'après-midi sur France Culture (une manière de Masque et la plume de cinéastes à réalisateurs). Après tout pourquoi pas ? Les critiques ne sont pas par essence des téléstars, on en a même connu certains mauvais comme des cochons, et personne ne réfutera aux cinéastes la qualité de pouvoir parler de cinéma ­ fût-ce celui des autres.

Néanmoins, on voit quelle idéologie sous-jacente peut se glisser derrière ce qui pourrait n'être qu'une fausse bonne idée : le discours selon lequel si on n'a pas fait la guerre, on est incapable d'en parler, et que la critique, plutôt que de critiquer, ferait mieux de tenter le grand saut. C'est dire si on abordait cette analyse des films du Finlandais Aki Kaurismäki par le discret Pierre Salvadori sur la pointe des pieds. On avait tort : d'abord parce que Salvadori est quelqu'un d'immédiatement sympathique à l'image, et que son approche de Kaurismäki est amoureuse (et du coup intelligente). Loin d'écraser le spectateur sous un discours d'homme du métier, il se place plutôt dans une lignée cinéphile et critique bienvenue, citant Daney, replaçant Kaurismäki dans une famille Chapli