La pièce est nue. C'est ce qu'ont exigé les responsables de la prison. Une salle nue, la porte soigneusement fermée, une chaise posée en son milieu et la fenêtre grande ouverte sur l'entrelacs serré du grillage. Le sol est en pierre, un carrelage clair avec des éclats sombres. Sous la fenêtre, un petit étendage à linge. Au mur, un radiateur et une horloge carrée. La réalisatrice iranienne Mahvash Sheikholeslami avait demandé à rencontrer les prisonnières avant de les filmer. Cela lui a été refusé. Pas de contact préalable, pas de mise en confiance. Quatre mois de démarches ont été nécessaires pour obtenir les autorisations et passer la porte de la prison. Elle a maintenant cinq jours pour tourner. Tout doit se dérouler dans cette pièce, et sans effet particulier. Les femmes qui accepteront de montrer leur visage seront filmées face caméra. C'est la première fois qu'un documentaire est réalisé sur ces détenues. Ce sont des meurtrières. Toutes se sont rebellées avec violence contre leur mari. Battues, trompées, asservies ou humiliées, elles ont fini par le supprimer. Celle-ci s'appelle Taj Beygom, elle a 55 ans. Elle a tué Ali deux ans plus tôt. Un tribunal l'a condamnée à mort. Le verdict a été confirmé par la Cour suprême d'Iran (1).
Taj Beygom a refusé de dévoiler son visage. Nous ne verrons que sa main. Elle dépasse du tchador, serrée, avec le pouce qui va et vient contre l'index. Avant de pouvoir parler, la femme sanglote. «A la fin, je n'en pouvais plus. A la fin, j'ai vo