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Libération

Le Pulitzer amer du «New York Times»

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Un historien demande l'annulation du prix décerné, en 1932, à un reporter du quotidien.
publié le 29 octobre 2003 à 1h35

New York de notre correspondant

C'est une coïncidence dont le New York Times se serait bien passé. En juin dernier, alors que le quotidien était encore plongé dans les affres de l'affaire Jayson Blair ­ du nom de ce journaliste qui avait bidonné ses reportages sans que ses supérieurs ne s'en aperçoivent ­, le Congrès ukrainien des Etats-Unis (Ucca) envoyait une lettre au conseil d'administration du prix Pulitzer. Dans sa missive, l'Ucca réclamait l'annulation du prix décerné en 1932 au correspondant du New York Times à Moscou, Walter Duranty, l'accusant d'avoir été un «instrument de propagande» du régime de Staline et, notamment, d'avoir nié la grande famine orchestrée par le leader soviétique en Ukraine en 1932 et en 1933, qui avait entraîné des millions de morts.

Malaise. L'affaire Walter Duranty continue à empoisonner le New York Times. La semaine der-nière, Mark von Hagen, spécialiste d'histoire russe à l'université de Columbia, chargé par le quotidien d'examiner le travail de son correspondant, a estimé dans un autre journal, le New York Sun, que le Pulitzer devait être retiré à Duranty. Le New York Times s'est alors vu contraint de publier les résultats du rapport, terminé dès le 29 juillet. L'historien y souligne le «manque d'objectivité» de la couverture de Duranty, décédé en 1957. Les articles du journaliste «ne permettent qu'une seule et unique conclusion : il était tombé sous l'emprise de Staline, a confirmé hier von Hagen à Libération. Il donnait l'impression que l