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Libération

Le rap

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publié le 4 novembre 2003 à 1h42

Jamel Debbouze porte un blouson de cuir fauve et un maillot blanc. Face à lui, Philippe de Gaulle. Costume trois pièces gris, chemise bleue et cravate bordeaux. L'acteur parle de son prochain spectacle. L'amiral raconte le livre De Gaulle, mon père, qu'il vient de publier. Micro en main, Debbouze se penche. Il a une question (1).

«Monsieur... Heu... Philippe de Gaulle ? Vous êtes donc le fils, forcément, de...» «Charles, oui», dit l'amiral en souriant. Les deux hommes s'observent. «Est-ce qu'il aimait le rap ?», demande le comédien. «Est-ce qu'il connaissait 2Pac, Shakur et Biggie Small ?» «De son temps, ça ne s'appelait pas comme ça», répond poliment l'amiral. «Et... il lui arrivait de danser ? De partir en vrille, ou pas ?» Philippe de Gaulle a les mains à plat devant lui, et un verre d'eau. «Danser, non. Mais il regardait les gens danser.» «Mais jamais vous l'avez pris en flag dans votre salon en train de...» L'acteur syncope quelques gestes de hip-hop. De Gaulle cligne des yeux rieurs. «Jamais, non, jamais.» Jamel Debbouze se redresse, adopte un port martial, tête haute et regard droit. «Il était très strict, comme on voit sur les cartes postales ?» «Mais non, c'est pas ça, dit l'amiral, mais comme ce n'était pas son talent, il préférait regarder ceux dont c'était le talent.» L'autre se penche davantage. Il a le visage brouillon de l'enfant qui questionne. «On voit les chefs d'Etat... Enfin, de mon point de vue en tout cas, je suis pas chef d'Etat... Et je me dis qu'ils s