C'est une belle histoire dont on sait, dès le prologue, qu'elle a mal fini. Flash-back en juillet 1918, sur le front de Champagne. Sans nouvelle de leur commandement, les rares survivants d'une compagnie de poilus attendent une hypothétique relève et, pour les plus optimistes, la fin de la guerre et de ses horreurs. A quelques dizaines de mètres d'eux, une poignée de «Boches», guère mieux lotis. Un matin, un obus de 450 tombe sans exploser entre les deux tranchées. Et l'impensable se produit : l'artilleur français (Jean-Yves Berteloot, impressionnant) et le démineur allemand (Bruno Lochet des Deschiens, méconnaissable) s'associent pour désamorcer l'engin de mort. Le 14 juillet, c'est un match de foot viril mais pacifique qui départage les deux équipes, pardon, les deux camps. La troisième mi-temps se dispute dans une ferme voisine, où une jolie paysanne (Cristiana Reali) attend le retour de son mari porté disparu depuis les grandes offensives de la Somme. Les Français et leurs Bruders allemands trinquent, dansent, jouent, rigolent, échangent Cyrano et Goethe le temps d'un après-midi d'été. C'est une belle histoire de fraternité entre soldats de peu comme il y en a eu quelques-unes, malheureusement pas assez, dans ces quatre années de fer et de sang. Une parenthèse enchantée, que les états-majors et la folie militaire refermeront trop tôt. Une fable que Jean-Louis Lorenzi raconte avec pudeur, sans didactisme ni pathos excessif, dans ce beau film choral où aucun personnage ne
Critique
Bataillons solidaires.
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par Samuel DOUHAIRE
publié le 10 novembre 2003 à 1h48
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