Comme le résume habilement un collègue anonyme de TéléCinéObs cette semaine : «Si vous ne l'avez pas vu, c'est que ça ne vous intéresse pas. Si vous l'avez vu, vous savez ce que vous en pensez.» La citation de notre confrère montre bien le dilemme dans lequel se débat Canal + en tant que chaîne privilégiée du cinéma à la télé. Il y a encore trois ans, la première diffusion télé d'une superproduction aussi importante que le Seigneur des Anneaux, adaptation de la saga heroic-fantasy de Tolkien longtemps crue impossible et pourtant devenue réalité, pouvait encore passer pour un événement. Aujourd'hui, elle n'a plus de valeur qu'anecdotique. Le premier volet de la trilogie est sorti en salles en décembre 2001. Le double DVD «simple» a inondé les magasins du monde entier en août 2002, et l'édition collector quatre disques (avec une nouvelle version du film rallongé pour l'occasion de 30 minutes) a été mise en vente en novembre.
Quel possesseur du DVD de la Communauté de l'Anneau va regarder le film de Peter Jackson sur Canal + un an plus tard, de surcroît dans sa version «courte» de 2 h 50 ? Aucun. Qui va découvrir le grand oeuvre de Peter Jackson grâce à son passage sur la chaîne cryptée ? Sans doute pas grand monde. Des «professionnels de la profession» cinématographique se sont récemment alarmés des dangers que faisait courir le développement des ventes de DVD sur la fréquentation des salles. Mais la menace est sans doute beaucoup plus sérieuse pour les chaînes télé qui vivent