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Libération
Critique

Une bonne vieille soupe des familles

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publié le 15 novembre 2003 à 1h53

Combien de temps encore cette Amérique-là va-t-elle nous obnubiler ? Cette Amérique blanche et bourgeoise de la «pursuit of happiness», des maisons de banlieue aux sages pelouses, des Chevrolet familiales aux flancs de bois, des petits gars aux chemises à carreaux et des blondinettes aux jupes plissées... En voyant débarquer, sur TF1, Mes plus belles années, la série NBC, on se dit que ces années 60 seront encore pour longtemps, et peut-être même pour toujours, le terme ultime d'un paradis perdu. Dès les premières images, les clichés s'enchaînent : des gamines qui dansent dans la rue, Martha et ses Vandellas qui chantent à tue-tête, des enfants aux cheveux gominés qui regardent la télévision à une devanture de magasin... et ça finit par marcher, avec l'évidence que tout alors était flambant neuf. A la fin de ce pilote, Kennedy est abattu à Dallas et les ennuis peuvent enfin commencer.

La série est construite autour d'une famille archétypale américaine de Philadelphie. Le père, Jack Pryor, est un solide gaillard catholique au caractère bien trempé. Il mène à la baguette sa petite tribu sans l'ombre d'un doute sur les vertus d'une éducation autoritaire. Ni un tyran, ni un salaud, juste un gars un peu bas de plafond qui estime que son fils aîné doit jouer au football, que les filles doivent se taire à table, que le petit dernier, affligé d'une patte folle, ne doit pas poser trop de questions et que sa douce épouse doit faire la cuisine et des enfants à la chaîne. Et le dimanche,