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Libération
Critique

La popote d'Ardisson

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publié le 18 novembre 2003 à 1h56

On le disait policé, ramolli, menacé par les jeunes loups, voilà qu'il devient casanier. L'inventeur d'émissions fêtardes, partouzeuses et enfumées, reçoit désormais chez lui depuis la mi-octobre. 93, rue du Faubourg-Saint-Honoré, n'est autre que son adresse personnelle.

Depuis, il a sans doute pris des mesures pour assurer l'inviolabilité de son domicile, des fois qu'Act Up ou le syndicat du hype décident de s'inviter sans prévenir. Le concept ? Simplissime : une bonne table, des gens (artistes, écrivains et téléviseux), un hôte popote poli qui passe les plats et... des caméras. Le Loft du dîner en ville ? Vous n'y êtes pas, l'ambition est autrement plus élevée : «inventer une nouvelle écriture audiovisuelle», «plus proche de l'univers de Claude Sautet que du Loft», dixit l'intéressé dans le dossier, qui prévient aussi, «chez Thierry Ardisson, ce qui est privé ne le reste pas longtemps». Plus modestement, il s'agit ici de renouveler le principe immuable du talk-show culturel, cette douce musique blablateuse, qui donne au téléspectateur l'impression ­ dans le meilleur des cas ­ d'avoir plein d'amis cultivés dans son salon. Ici, le people invité est filmé dans la rue, dans l'escalier, devant la porte. Comme lui, le téléspectateur arrive chez Ardisson. On voit bien l'enjeu de cette immédiateté offerte, et bien sûr illusoire : réaliser ce qu'Ardisson croit être le fantasme du téléspectateur : en être (du dîner en ville).

Remarque anecdotique, l'homme en noir aime la couleur. En f