Ce film s'offre sans détour à son sujet. De tous les films de Resnais, c'est l'un des seuls à se le coltiner, son sujet. Rappeler que le sujet d'un film, c'est à la fois le scénario et un peu plus. Un autre Resnais qui se coltine son scénario, c'est Nuit et Brouillard. Les camps, la mémoire des camps, quand Resnais les filme, ce n'est déjà pas mal. Mieux en tout cas que les digressions du petit frère de Jacques Lanzmann, vulgarisateur du concept de «shoah» dans le monde. Pour Resnais, la «shoah» n'existe pas, c'est peut-être pourquoi son film est plus modeste, plus «vrai», que celui de Claude Lanzmann, qui s'offre en victime sacrificielle (pour ne pas dire en holocauste) au lieu de s'offrir plus simplement à son scénario. Son sujet, n'en parlons pas, ça nous mènerait trop loin.
C'est quoi, le sujet de Mon Oncle d'Amérique ? Peut-être l'histoire d'un homme qui fait des expériences. L'homme s'appelle Henri Laborit, c'est l'inventeur des psychotropes. Les rats de laboratoire lui ont appris que quand il y a un obstacle, mieux vaut le contourner. On voit des rats, mais aussi des hommes à tête de rat. Ça rime à quoi, ces hommes à tête de rat ? C'est ça, l'expérience du film. C'est ça, son sujet sans détour. Des hommes-rats en pleine inhibition. Vous ne savez pas ce qu'est l'inhibition ? Tant mieux pour vous. Mieux vaut ne rien savoir sur ces choses-là. Lacan avait un jour convoqué Duras, juste pour lui dire : «Vous ne savez pas ce que vous faites. Continuez.» Mais tout le monde n'e