Menu
Libération
Critique

Shining.

Article réservé aux abonnés
Cinécinéma frisson, 11 h 05.
publié le 21 novembre 2003 à 1h58

Kubrick s'offre pour une fois aux mille détours d'un sujet. C'est quoi son sujet ? Délire abrahamique, évidemment. Disons que c'est entre Derrière le miroir (Nicholas Ray) et Story of Isaac (Leonard Cohen), avec juste un peu plus de rouge. «Je parlerai du film selon la manière dont je l'ai reçu, écrit Jean-Pierre Oudart, une émission de télévision, une vidéo géante, qui serait un film de terreur programmant une histoire de famille en fuite dans un délire de société.» Quand Ardisson demande le pitch d'un film, il n'y a plus personne pour répondre. Il n'y a plus personne depuis vingt ans. Oudart a écrit ces lignes en 1980, dans les Cahiers du cinéma, à une époque où on ne militait pas encore pour faire oublier que cinéma et télé, c'est pareil. Depuis 1959, c'est comme ça. Aussi longtemps ? Eh oui. Comme on disait, les militants du temps présent ont le cul lourd.

«Une émission de télévision.» Faut l'oser, ça. «Une vidéo géante.» Pourquoi craindre de tourner en rond, de ressasser. C'est bien ce que fait Shining, non ? «Il en a plein la bouche de la chair de sa chair, de sa passion cannibale pour le corps de son fils.» C'est quand même plus subtil qu'Hannibal le cannibale, non ? «Cette déclaration d'amour fou est saisie dans l'horreur du fantasme qui habite le père, dans l'horreur de cet objet : le corps du fils comme chair de boucherie.» Le père, vous savez, celui qui ne répond pas aux questions qu'on ne lui pose pas. «Un fait divers qui serait mimé, par une multitude d'acteurs,