Marie-Hélène Bourcier cherche quelque chose à l'étalage. Devant elle, des étagères de vibromasseurs colorés, de toutes tailles et de toutes formes. Présentée comme «activiste queer», la sociologue porte un débardeur orangé frappé de petites étoiles et de visages stylisés. Son jean noir est légèrement effrangé aux poches, avec une entaille discrète sur la cuisse. Elle a le crâne rasé. Lorsqu'elle parle, l'oeil rieur, elle emprunte à la diction du professeur d'université, du vendeur de téléachat et du conteur de veillée. Voici ce qu'elle recherchait. Un objet cylindrique, rose transparent, coiffé par un gland, tout entier parcouru de picots arrondis et possédant à la base un tubercule en forme de petit animal. Marie-Hélène Bourcier nous explique l'histoire et la symbolique de ce modèle (1).
«Alors, on est ici dans un supermarché du sexe hétérosexuel, à Pigalle, où on trouve un gode féministe qui est né dans les années 80 aux Etats-Unis.» Elle montre la boîte rose. «Qu'est-ce que c'est qu'un gode féministe ? C'est le croisement en fait de deux technologies. La technologie du vibromasseur, puisque ici vous avez des piles pour faire vibrer la chose. Ensuite, vous avez ici un petit lapin ça pourrait être un petit dauphin qui arrive juste sur le clit' pendant que ceci peut être à l'intérieur de votre chatte ou non, d'ailleurs tandis que les boules roulent à l'entrée de votre chatte. Et l'on peut également l'utiliser sur votre trou du cul.» Elle place l'objet dans son pantalon