Pour le cinéphile, ce film inédit en France s'appellera toujours Curse of the Demon, même si l'idée d'une «malédiction du démon» est à mille lieues de l'horreur homéopathique distillée par le cinéma de Tourneur. Comme l'indique le titre français, le film est plutôt un rendez-vous avec la mort, sans cesse différée, redoutée, attendue. L'effroi est ce qui fonde ce cinéma de l'invisible, de l'abstrait, du chuchoté, une manière de suggérer plutôt que de montrer qui a suscité plus de commentaires depuis vingt ans que n'importe quel cinéaste de série B. Rappeler que Tourneur n'a découvert que plus tard, en revoyant son film à la télé, que les producteurs avaient rajouté au montage des inserts de monstre censé terroriser le public, un monstre godzillesque dont la simple apparition annule le travail d'angoisse qu'il avait mise en place, une angoisse écoeurante comme une lèpre fade.
Des années plus tard, évoquant ces tripatouillages, Tourneur disait simplement, avec un rien de tristesse, «Après tout, si ça amuse le public...» Ne pas croire qu'il soit devenu cynique ou désabusé. Malin comme un chat, serein comme un gros bouddha, il parlait de ses années hollywoodiennes comme s'il n'en avait pas vraiment été l'acteur. Tout ça ne lui était pas arrivé, n'est-ce pas ? Dommage que Biette ne soit plus là pour raconter ses longues promenades avec Tourneur dans les rues de Bergerac (Dordogne), où il s'était retiré, vivant chichement d'une petite pension de la Director's Guild. Noter que Rendez