Nous sommes sur un parking de Cincinnati, dans l'Ohio. Il fait encore nuit. Nous voyons un bord de trottoir, la pelouse, un poteau télégraphique et ses fils dans le ciel noir. Il est 6 heures et 14 secondes. A gauche de l'écran, un policier recule. Bras tendus, il repousse Nathaniel Jones, un Afro-Américain de 157 kilos. Coeur hypertrophié, cocaïne, Jones va mourir sous les coups. On dit qu'il s'était couché dans l'herbe. Qu'une femme a appelé la police. Alors les agents l'interpellent. Leur caméra de contrôle filme la scène (1).
Le policier à casquette blanche recule toujours. D'une main, il contient l'assaut. De l'autre, il agrippe. Jones se dégage avec force. Il lance son bras loin derrière et le rabat violemment. Il emprisonne la nuque du policier dans sa saignée. Les deux hommes sont soudés, ils vacillent. La casquette tombe. Un autre agent arrive par-derrière en courant. Ils quittent le champ. Reviennent. Jones est happé. Les policiers l'ont ceinturé. Ils le bousculent, le plient, l'entraînent, ils chutent avec lui. Très vite, l'un des deux se relève. Il sort son tonfa, le bâton de défense. Nous ne voyons pas la lutte à terre. Le policier saisit sa masse à deux mains. Pas comme une matraque, comme un pilon de mortier. Il se penche en arrière, lève ses bras au-dessus de sa tête et frappe le premier coup. Il relève haut sa matraque et frappe le deuxième. Il ne tape pas, il plante. Il lève, cogne, lève, cogne, tourne autour, cherche, cogne. On croirait un homme qui fiche u