Ce sont deux chaînes exactement voisines, à une pression de pouce sur la télécommande. La première s'appelle TFJ, la Télévision française juive. La seconde KTO, la chaîne catholique. Toutes deux sont en difficulté financière, et passent en boucle un appel pressant aux dons. Voici leurs messages (1).
Nous sommes sur TFJ. Entre l'interview d'un chanteur et une leçon d'hébreu, c'est l'écran noir. Le silence. Puis une musique tragique, faite de choeurs et de frissons. Mot à mot, un petit texte s'affiche. «TFJ a besoin de vous.» «Vous» est en lettres immenses. Le pronom s'efface, puis réapparaît dans le fracas cuivré des cymbales. Nous voyons maintenant un banc de montage. Il arrive du fond de l'écran. Il grandit. Il occupe tout l'espace. A l'intérieur, un dessin. Une silhouette noire. L'ombre d'un combattant. Un homme casqué qui vient vers nous. La position de ses bras dit qu'il porte un fusil. Un paquetage commando bat ses hanches. Derrière lui, le ciel est menaçant. Une aquarelle entre noir tombeau et rouge crépuscule. «Il faut sauver le soldat TFJ», dit la légende, tandis que des parachutes tombent lentement du ciel, soutenant des caisses frappées du sigle «euro». L'orage éclate. La musique est funèbre. Des éclairs strient l'image et aveuglent le soldat. C'est alors que s'inscrit l'adresse où envoyer ses dons. Nous sommes maintenant sur KTO. Entre un dessin animé biblique et l'interview d'un écrivain, c'est l'écran bleu. A l'intérieur nous lisons : «Soutenez KTO avec Michel Ca