Voici le plus accompli des films de Jean-Paul Civeyrac, l'auteur de Fantômes, du Doux Amour des hommes, des Solitaires, de Ni d'Eve ni d'Adam, films à l'intranquillité infuse et à la préciosité affirmée. On retrouve, dès la première scène de Toutes ces belles promesses (le passage d'un mot d'amour tout au long des musiciens d'un orchestre en pleine performance), cette virtuosité raffinée, de même que, disséminée tout au long du film, la présence des fantômes. Présence si obsédante qu'ils forment avec les vivants les deux parts d'un même univers, comme liées l'une à l'autre tels les pans d'une robe sans couture.
Ce cinquième long métrage (en sept ans) place cependant une maturité nouvelle au centre de son projet : maturité du jeu, enfin totalement maîtrisé chez toutes les actrices, maturité d'un récit qui assume ses ellipses, ses clichés, son romanesque, maturité au coeur de l'histoire elle-même, puisqu'il s'agit bien de l'éducation sentimentale d'une jeune femme par une plus vieille, d'un passage de relais amoureux.
A la suite de la mort de sa mère (premier fantôme joué avec une réelle présence par Eva Truffaut), Marianne, 38 ans (Jeanne Balibar, flottante et divine), minée par un chagrin d'amour, découvre le testament autrefois caché par son père (second fantôme, joué raide et glaçant comme il le faut par Pierre Léon). Stupéfaite, elle lui découvre une maîtresse, à qui il lègue certains objets, dont un disque de Piaf (parfaite en noir, comme à son habitude), l'Hymne à l'amour