Un regard qu'on n'oublie pas. Pour tout le monde, elle reste la «première femme tueuse en série des Etats-Unis». Prostituée, lesbienne, Aileen Carol Wuornos surnommée simplement Lee a tué sept hommes. Son histoire a passionné les médias. Et pas seulement. Une nuée de spécialistes se sont penchés avec avidité sur son cas. Des généticiens ont même réclamé des échantillons de son cerveau. Un mois avant son arrestation, avec la complicité de sa compagne, semble-t-il, des policiers négociaient déjà dans l'ombre les droits cinématographiques de son histoire. Lee Wuornos partait de toute façon du mauvais pied. Un père emprisonné pour le viol d'un enfant. Une grossesse à 13 ans. La prostitution à 14... Avec la pugnacité d'un Michael Moore, le documentariste britannique Nick Bloomfield tente de reconstituer les pièces du puzzle. Pour rencontrer la condamnée à mort, il passe par deux «amis» de la serial killeuse. Un avocat assez pathétique, chanteur raté, fumeur de joints. Une mère adoptive, chrétienne éplorée, mais surtout intéressée par l'argent que lui rapportera sa brebis égarée. Plutôt poule aux oeufs d'or. Tous deux aimeraient bien que Lee se suicide en prison. Ce serait bien pour les affaires.
«Aileen Wuornos : The Selling of a serial killer» titre original, plus judicieux («le négoce d'un criminel en série») a obtenu le Grand Prix 1993 du Festival de Sundance, section documentaire. Assez dérangeant à l'arrivée Lee y apparaît comme la plus équilibrée , le film s'achèv