«Ayez des poignards dans la voix, mais non dans la main. Mais le pire est encore à venir: vous vous ferez la guerre frère contre frère, sang contre sang, c'est la rétribution de l'infamie.» Shakespeare était anglais. Certes. Pour un peu, on l'aurait enrôlé dans notre armée littéraire, arbitre de la querelle la plus étonnante du moment, où il est question d'épée, d'habit vert, de Chant des partisans et d'immortalité : l'élection au fauteuil de Léopold Sédar Senghor, ce jour, à laquelle Valéry Giscard d'Estaing est candidat. La raison nous guidant, plus que l'utopie, nous laisserons le grand Will reposer over the channel et, en guise de zakouski poivrés, nous reverrons l'excellent documentaire de Jean-Marie Colombani et de William Karel dont on attend avec impatience le sujet sur George W. Bush, prévu pour mars, titre provisoire : Pourquoi George Bush ne gagnera pas les élections en 2004. Tout y est de cet homme qui, à lui seul, représente le basculement entre deux mondes : la France de De Gaulle (immortel ?) et celle de François Mitterrand (immortel ?). Ses courages : la loi Veil sur l'IVG (immortelle ?), la majorité à 18 ans, qu'il regrettera en 1981, le Smic (immortel ?), la Sécu pour tous (immortelle ?). Ses manques : pas d'ami et un si étrange ancrage dans la réalité. Celle qui éclabousse et tache ses fameux cashmeres. Il a peut-être raison, Giscard : le monde, il est tombé dedans par hasard. Ce qu'il lui fallait, c'était l'immortalité, direct. Encore un effort, messieu
Critique
Chronique d'une présidence.
Article réservé aux abonnés
par Sophie ROSTAIN
publié le 11 décembre 2003 à 2h17
Dans la même rubrique