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Libération

Le paradis

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publié le 16 décembre 2003 à 2h21

Marie Humbert est assise sur un rocher, les bras posés sur ses genoux et les mains jointes. Nous sommes en Guadeloupe. L'image est inondée de ciel, de mer et de soleil. Le 24 septembre, Marie aide son fils tétraplégique à mourir. C'est un échec. Vincent est réanimé. Il s'éteint deux jours après. Le docteur Frédéric Chaussoy endosse la responsabilité de cette mort provoquée, mais Marie Humbert refuse l'aveu. Elle parle paisiblement. Elle est détendue. Elle ne cesse de sourire. Parfois même, un rire s'échappe. Nous l'écoutons (1).

«Moi, je suis certaine que le jour où j'ai essayé de l'aider, il est parti dans son paradis blanc. Le jour même, le 24 septembre. Et moi j'ai ma conscience tranquille. Je suis sûre que je l'ai vraiment aidé et que j'ai respecté son souhait. Vincent était très heureux de partir. Il était serein. Il comptait les jours, les heures et je crois que pour rien au monde je n'avais le droit à l'erreur. C'était plus que de l'amour. On était vraiment réunis. Je comprenais au fur et à mesure son envie, vraiment, de partir, d'aller rejoindre son petit paradis, de pouvoir monter comme il disait, courir, courir. Et finalement, j'étais heureuse de savoir qu'il allait refaire tout ça. Il m'a dit : "C'est le plus beau jour de ma vie depuis mon accident, maman. Il faut pas que tu te loupes. Arrête de trembler, n'aie pas peur." Vincent me tenait la main. Donc pour moi, on était tous les deux à le faire. Si Vincent avait pu se servir entièrement de sa main, il aurait appu