Le sujet est original, et plutôt audacieux pour une fiction diffusée en prime-time : raconter d'une manière romanesque les tortueuses négociations du traité de Saint-Germain qui, en 1570, établit une paix très provisoire entre les catholiques et les protestants de France. Il faut saluer le tour de force du scénariste : Alain Moreau parvient à entretenir le suspense avec des tractations diplomatiques arides, a priori aussi excitantes qu'une discussion sur la politique agricole commune, mais qui donnent lieu à des duels rhétoriques étincelants. Surtout, il donne de la profondeur à ces exercices de dialectique élevée au rang des beaux-arts en décrivant en parallèle la vie privée du négociateur catholique.
Diplomate de génie, Henri de Malassise réussit à imposer ses vues aux huguenots alors que tout son entourage, jusqu'à sa femme et son fils, bascule dans le camp de la religion réformée. Le traité de Saint-Germain sera son chef-d'oeuvre, mais aussi un texte de dupes : moins de deux ans plus tard, Catherine de Médicis (interprétée façon duègne revêche par Marie-Christine Barrault) ordonne l'extermination des protestants lors de la Saint-Barthélemy... Jean Rochefort transmet avec beaucoup d'émotion l'ébranlement moral de son personnage, à l'unisson d'un casting parfait (mention spéciale à Rufus pour son beau monologue contre la guerre).
On reste en revanche sceptique sur le choix de Gérard Corbiau de tourner cette oeuvre historique en vidéo : même éclairées avec soin, les images en