Quand on s'attaque à un monument comme Robinson Crusoé, le choix du comédien est évidemment déterminant. En 1997, George Miller en avait fait la cruelle expérience en affublant son Robinson (le très 007 Pierce Brosnan) d'une moumoute monstrueuse qui faisait basculer son film dans le burlesque. Ce soir, cette coproduction franco-cubaine, dirigée par Thierry Chabert, a jeté son dévolu sur Pierre Richard, décision discutable à plus d'un égard. En premier lieu, le héros de Daniel Defoe affiche un paquet d'années de moins que les 68 ans de l'ex-Grand Blond, même si celui-ci, dans les scènes physiques, se défend encore rudement bien. Mais ce n'est pas la seule liberté que les scénaristes ont prise avec le récit originel. Ensuite, si Pierre Richard a bel et bien la gueule de l'emploi, il l'a «avant» de s'échouer sur son île. Du coup, la métamorphose de l'homme civilisé, privé du regard de la société, en sauvage hirsute sans foi ni loi un pan essentiel de l'histoire est pratiquement escamotée. Enfin, dans la plupart des monologues, Pierre Richard a une fâcheuse tendance à faire du Pierre Richard : gestuelle désordonnée, comique de situation toujours un peu lourdingue, sentiments surjoués.
Les choses s'arrangent nettement avec l'irruption de Vendredi dans le décor (Nicolas Cazalé). Robinson, l'ancien négrier, sauve la vie du sauvage, se met en tête de lui inculquer les bonnes manières et le catéchisme. Par là même, il redevient l'homme civilisé qu'il avait cessé d'être, tandis que