Harare envoyée spéciale
Il est 7 h 45 du matin à Harare et une dizaine de personnes font la queue devant la librairie Kingston, en plein coeur de la capitale zimbabwéenne. Il ne s'agit pas de la sortie du dernier best-seller ni du passage d'une vedette locale, mais tout simplement d'acheter le journal. Le Herald, unique quotidien du Zimbabwe. Après 11 heures du matin, il est épuisé. Voix du président Robert Mugabe, le Herald est le seul journal à se mettre sous la dent dans un pays à fort taux de scolarisation et qui dispose d'un lectorat important. La disparition du Daily News a créé un vide. Ce quotidien privé, le plus populaire du pays avec 900 000 lecteurs, au ton très critique pour le régime de Robert Mugabe, a sans doute eu le tort de révéler quelques scandales politico-financiers du gouvernement, ce qui a entraîné sa suspension pour trois mois. Malgré une décision de justice favorable, il était encore empêché de reparaître lundi (lire ci-contre).
Stratégie délibérée. «Tous les jours dans la rue, les gens me demandent quand le journal reparaît», explique Sam Nkomo, directeur des éditions Associated Newspapers (AZN) qui publie le Daily News. Une disparition qui relève d'une stratégie délibérée du ministre de l'Information Jonathan Moyo. Deux hebdomadaires indépendants, The Standard et The Independent, continuent eux de paraître et ne se gênent pas pour critiquer Mugabe, mais leur diffusion (20 000 exemplaires) limite leur influence. «L'impact d'un hebdomadaire n'a rien à