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Libération
Critique

Un «Bossu» bancal

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publié le 26 décembre 2003 à 2h28

Lagardère à Canal + n'est pas le récit de l'entrée du groupe de médias dans le capital de la chaîne cryptée mais bien l'adaptation du célèbre roman de cape et d'épée. Il vaut mieux le savoir car, sans revendiquer une fidélité intégriste au texte ou, du moins, à son intrigue, on se demande pour quelles raisons les scénaristes Lorraine Lévy et Didier Lacoste ont à ce point tordu l'oeuvre de Paul Féval.

Le résultat est un Bossu version light, pas désagréable à regarder, à condition de n'avoir jamais entendu parler de l'original. Ce tripatouillage sert surtout quelques personnages, essentiellement du côté des salauds, qui affichent une dualité intéressante. C'est un sentiment noble (l'amour) qui conduit l'ignoble Gonzague (Yvon Back, convaincant dans le registre de la veulerie) à comploter ou à assassiner. C'est la loyauté envers son maître qui conduit Peyrolles (Christian Hecq, parfaitement inquiétant) à exécuter les basses oeuvres de Gonzague. Paradoxalement, c'est le personnage de Lagardère (Bruno Volkowitch, sans charisme) qui souffre le plus de cette adaptation. La chute du film confine, elle, à la trahison du sens même de l'histoire. Lagardère n'y tombe pas amoureux d'Aurore, l'enfant dont il est devenu le tuteur après l'assassinat de son père. Cette liberté scénaristique absurde escamote la dimension quasi incestueuse du récit. Sans cet amour sulfureux, ce Lagardère se résume à un banal personnage de vengeur obtus. On n'ose penser que ce tour de passe-passe final ait été d