Pékin intérim
La ligne qui, en Chine, sépare le scoop politique de la haute trahison peut s'avérer ultrafine. Zhao Yan, un aide-documen-taliste chinois employé au bureau de Pékin du New York Times, en fait en ce moment l'amère expérience. Il est détenu depuis la mi-septembre pour avoir «illégalement divulgué des secrets d'Etat à des étrangers». Son «crime» reste encore mystérieux. Les autorités chinoises ont refusé jusqu'à présent de donner des précisions concernant ce dossier, pourtant devenu un point de friction diplomatique entre la Chine et les Etats-Unis. Lors d'une rencontre jeudi à Washington avec son homologue chinois, Li Zhaoxing, le secrétaire d'Etat américain Colin Powell s'est inquiété de la détention de Zhao Yan, que Pékin avait pourtant laconiquement qualifiée quelques jours plus tôt d'«affaire interne».
Rancoeur. Seule quasi-certitude pour le moment, l'arrestation de Zhao Yan serait liée, d'une façon ou d'une autre, à un article publié début septembre par l'influent quotidien américain. L'article annonçait le départ surprise et imminent de l'ancien président Jiang Zemin de la tête de la commission centrale militaire. Une démission confirmée lors d'un plénum des chefs du Parti communiste organisé dix jours plus tard. Mais son annonce prématurée aurait causé la fureur des caciques d'un parti obsédé par le secret politique absolu. Et Zhao Yan serait, selon l'un de ses proches, soupçonné d'être à la source de cette fuite, ce que la direction du New York Times a caté